L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône des Habsbourg, par un jeune nationaliste serbe de Bosnie-Herzégovine, le 28 juin 1914, à Sarajevo, provoque une crise diplomatique que les dirigeants européens ne parviennent pas à enrayer. En l’espace d’un mois, le jeu des alliances précipite les principales puissances européennes dans la guerre.
Le 23 juillet 1914 à 18 heures, les autorités austro-hongroises adressent un ultimatum à la Serbie, enjoignant cette dernière de coopérer pour faire toute la lumière sur l’attentat de Sarajevo. L’ultimatum, dont le contenu a été communiqué aux responsables allemands, a été rédigé de telle façon qu’il est inacceptable par la Serbie, qui rejette une partie des conditions posées par l’Autriche-Hongrie. Le 28 juillet 1914, un jour après l’expiration du délai fixé par l’ultimatum, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, provoquant, le 30 juillet, la mobilisation de la Russie, protectrice de la Serbie. Le 1er août, c’est au tour de l’Allemagne, alliée de l’Autriche-Hongrie, de déclarer la guerre à la Russie, alliée de la France depuis 1892. Le même jour, l’Allemagne et la France décrètent à leur tour la mobilisation générale.
La défaite de 1870, la perte de l’Alsace-Lorraine par la France et la fondation de l’Empire allemand ont accru les tensions franco-allemandes dans un contexte européen propice aux nationalismes et aux rivalités impérialistes. C’est sur le terrain de la conquête coloniale et de la compétition économique que s’expriment principalement ces rivalités. Les crises de Tanger (1905) puis d’Agadir (1911) illustrent ainsi la compétition que se livrent la France et l’Allemagne en Afrique du Nord. Si la guerre est présente dans les esprits, les Français la voient néanmoins venir comme une surprise, au coeur de l’été 1914.
En France, la mobilisation générale est effective en deux jours. Le 1er août, autour de seize heures, le gouvernement diffuse l’ordre aux autorités compétentes chargées de le faire connaître à la population. Les communes procèdent alors à l’affichage de l’ordre de mobilisation qui a été télégraphié depuis Paris aux préfectures. Maires, gendarmes, et garde-champêtres assurent la diffusion de la nouvelle, reçue avec stupeur. Le tocsin permet d’alerter des populations souvent dispersées dans les champs en pleine période de moisson. Après avoir pris connaissance de l’ordre de mobilisation, tous les hommes âgés de 20 à 38 ans déclarés « bon pour le service » par le conseil de révision rentrent chez eux pour consulter leur livret militaire, qui donne les indications à suivre en cas de mobilisation et notamment le lieu de regroupement de leurs régiments. La mobilisation est effective dès le lendemain, dimanche 2 août, mais les départs sont échelonnés afin d’éviter l’encombrement des routes et des voies de chemin de fer. Près de 3 800 000 Français sont ainsi mobilisés en l’espace de quelques jours.
Le dimanche 3 août, à 18h45, l’ambassadeur d’Allemagne en France, le comte Von Schoen remet à René Viviani, Président du Conseil, une lettre faisant état d’attaques de chemins de fer allemands par des aviateurs français, en conséquence de quoi « l’Empire allemand se considère en état de guerre avec la France du fait de cette dernière puissance ». L’Allemagne vient de déclarer la guerre à la France.